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Ma rencontre avec Mel Bonis

Par Vincent Figuri

J’ai rencontré Mel Bonis en 1990 un beau soir de rentrée scolaire où j’étais assujetti à renseigner mes listes de classes. Il ne faisait donc pas très beau dans ma tête et un arc en ciel inattendu surgit tout à coup de la radio : il s’agissait d’une sonate pour violon et piano qui m’emporta immédiatement sur ses ailes. Il faut dire qu’elle était magistralement interprétée par Anne Constantin et Alexandre Rojdestvenski. J’attendis fébrilement la désannonce du producteur dont ne me parvinrent que les bribes de Melonis. Nous vivions encore en ces temps charmants où la poste faisait du lien et j’envoyai une missive au présentateur Alexandre Sorel. Qu’elle ne fut pas ma surprise de recevoir quelques jours après le disque qu’il avait diffusé ! Ce compositeur était donc une femme…

Je traversais une époque où, venant de découvrir le mélodrame musical, j’étais à la recherche de répertoire. La Bibliothèque Nationale n’était qu’à quelques encablures de ma mansarde et j’y découvris deux pièces qui dormaient dans ses réserves et n’attendaient que ma voix pour en sortir : Sorrente et À Suzanne. Mais l’illustre institution était à cette époque très à cheval sur les droits de reproduction et ils me mirent sur le chemin de la tante Yvette qui détenait les droits. Je fis la découverte d’une femme délicieuse, tout à fait disposée à mettre à ma disposition quelques partitions qui ne firent qu’aiguiser ma curiosité mais que, pour l’heure, j’ajoutai à ma pile.

N’importe, je savais désormais qui était la dame et j’entendais bien un jour faire parler d’elle. Ce jour arriva, encore avec France Musique où je devins bientôt producteur. Ma première série Un Été à la campagne, était un hommage aux compositeurs français méconnus auxquels il était bien naturel que j’inclusse la belle Mel.

Cette émission m’avait conduit un peu plus loin : j’avais fait la connaissance d’Huguette Géliot et de sa fille Christine. Elle venait de s’emparer de son héritage spirituel en fondant l’association qui au fur et à mesure d’un travail d’une pugnacité sans égal allait faire connaître la musique de l’illustre inconnue au monde entier !

Outre sa musique, Mel Bonis m’a aussi gagné une magnifique amitié avec la famille Géliot. N’est-ce pas la démonstration que la musique rassemble ?

Vincent Figuri

Janvier 2023